Le 06.06.2023
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C’est Samantha de Castro, la directrice du tout nouvel hôtel-restaurant de Béziers, qui l’affirme avec force, comme un acte de foi, sinon une évidence. L’art du paradoxe est peut-être ici de réconcilier les mots, les vocations du lieu. Outre son environnement, c’est peut-être aussi ce qui en fera le succès…
Juché à la proue de l’acropole biterroise, sur son éperon rocheux dominant la vallée de l’Orb, veillé par la masse tutélaire de la cathédrale, l’hôtel-restaurant La Prison entame crânement sa nouvelle vie.
Une vue imprenable sur Béziers
L’Hôtel La Prison en plus d’être un lieu atypique, nous offre une vue exceptionnelle sur Béziers.
« Le projet est né il y a quelques années explique Tatiana Halimi, directrice d’exploitation du site, avant le confinement de 2020, lorsquela ville de Béziers a annoncé vouloir vendre le bâtiment, et nous a proposé de le visiter. L’architecte Philippe Bonon est venu sur place et il a contacté Mando Hospitality, notre société, qui a dit : banco ! Parce que transformer cet endroit pour le moins atypique en lieu de vie, ouvert et lumineux, était un sacré beau défi ». Tout à fait dans les cordes de Mando Hospitality (Mando comme la contraction de « manger » et « dormir »), qui n’aime rien tant que les édifices… pas ordinaires, pour leur donner une nouvelle vocation.
Alien et les meubles de mère-grand
Samantha de Castro aussi, est persuadée que l’ancienne prison peut maintenant « revivre, avec une énergie joyeuse, positive, dans un environnement incroyable : le bâtiment lui-même est extraordinaire, mais regardez aussi autour ! La vue sur l’Orb et la vallée, jusqu’àla mer ; la cathédrale ; le jardin des évêques, cet écrin en pleine restauration ;le cheminement doux… ».
Sans oublier quel’hôtel-restaurant se veut aussi un lieu « que les Biterrois vont avoir plaisir à s’approprier, parce qu’on ne manque pas de projets : on débute avec une exposition de la peintre Dominique Renson ; nous travaillons aussi avec le Conservatoire Béziers Méditerranée pour imaginer des choses autour de la musique ». Et puis côté art… on est par exemple accueilli, à l’entrée de l’hôtel, par une sculpture « d’Alien » (oui, le monstre du film de Ridley Scott, 1979) réalisée avec des bouts de chaîne de vélo et autres objets de « bric à brac ». Epatant…
La décoration de l’hôtel aussi, casse les codes standard de l’hôtellerie, et humanise l’édifice, dont les portes de cellules et la galerie qui court autour sur 2 étages… pourraient susciter un frisson sur l’échine de certains : tout le mobilier ou presque a été chiné, avec une prédilection pour le style des années 50-60 (il suffit d’approcher de la banque d’accueil en bois, verre et formica, pour s’en persuader).
C’est l’effet recherché d’ailleurs : « les clients se souviennent tous avoir vu chez leurs parents, grands-parents, certains des meubles qui occupent les chambres, les salons, le restaurant » sourit Samantha de Castro. « Trouver tout ça a été un travail de titan aussi, ajoute Tatiana Halimi, « Max Bonon a écumé les brocantes pour trouver la centaine de tapis qui couvrent une partie des sols, les canapés, les fauteuils, lampes de chevet etc. Il a même fourni des dizaines de ses propres livres pour « peupler » la bibliothèque ». L’un des rares meubles « non-chiné » est l’immense canapé en velours côtelé jaune d’or, qui orne le rez-de-chaussée et occupe la vue, des coursives des étages supérieurs.
Et vogue le navire !
On ne s’étendra pas sur le gigantesque chantier de restauration mené durant presque 18 mois : du terrassement « dont la poussière rendait l’atmosphère irrespirable » se souvient Tatiana Halimi, « à la grue mise en place pour acheminer les matérieux de recréation du jardin des Evêques, et que l’on nous a gentiment permis d’utiliser, pour faire arriver lits et mobilier jusqu’à l’hôtel » insiste Samantha de Castro. On restera discret aussi sur toutes les difficultés liées à la modification, la rénovation, l’adaptation de locaux aussi anciens, particuliers…
Désormais néanmoins, ces deux « drôles de dames » président à la destinée d’un nouveau fleuron hôtelier biterrois, avec une légèreté, une énergie communicatives… qui masquent simplement un redoutable professionnalisme.
Réserver et s’y rendre
*L’hôtel ne possède pas de parking mais vous pourrez bénéficier du dépose-minute.
La Prison, en bref
- Année d’ouverture de la Maison d’Arrêt : 1867
- Usage : prison, jusqu’en 2009, aujourd’hui hôtel-restaurant
- Superficie : 4 000 m²
- Nombre de chambres : 50, de la cellule (13m2) à la suite (60m2)
- Propriétaire : Mando Hospitality, propriétaire de 6 autres établissements à Paris, Marseille et Montpellier (hôtels, brasseries, café…)
- Architecte : cabinet A+ Architecture
- Durée des travaux : 18 mois
- Coût des travaux : 8 millions d’€
- Mobilier : + de 100 tapis, des centaines de meubles (années 50 à 70 et oeuvres contemporaines), objets de décoration, livres…
- Prix des chambres : de 77 à 210 €
- Restaurant : menu complet 26 € à midi, 32 € le soir, formules entrée/plat ou plat/dessert à 22 €, le midi. Chef : Mathieu Bessière. Cuisine : méditerranéenne avec des touches d’originalité, et des ingrédients frais, locaux, de saison.