La Féria de Béziers approche, doucement, mais sûrement. Elle aura lieu du 11 au 15 août. 5 jours de festivités : Flamenco, courses camarguaises, corridas, bodegas, abrivados… Depuis des années ce moment est attendu avec impatience. Vous ne pourrez pas y échapper !

Dès que l’on prononce le mot Féria ici, à Béziers et particulièrement parmi mes collègues les discussions vont bon train. Les souvenirs de « communion » avec les autres, de rigolades, de spectacles grandioses, de soirées interminables se rappellent à eux.

Moi, je n’ai pas cette culture-là. Je suis née à Poitiers, alors les courses camarguaises et les abrivados, je ne connaissais pas jusqu’à ce que je vienne m’installer à Béziers.

C’est pour cela que j’ai eu envie d’interroger mes collègues sur leurs plus beaux souvenirs de Féria. Et voici ce qu’ils m’ont répondu… je devrais plutôt dire : ce qu’elles m’ont répondu.

Christine : cathédrale, flamenco, émotions

« La première image qui m’est venue à l’esprit c’est : le soir où j’ai vu un spectacle de flamenco d’anthologie. Les danseurs et les danseuses de la compagnie « Amapola » m’ont laissé un souvenir sans faille. C’était véritablement un moment de grâce, de beauté et de poésie. Pour ajouter au grandiose de la scène, il faut quand même que je vous dise que tout cela se déroulait dans le cloître de notre belle cathédrale Saint-Nazaire et Saint-Celse, à la nuit tombée.« 


« Une ambiance incroyable, surchauffée, qui a donné aux spectateurs présents la chair de poule.
Les chants, les danses et les morceaux joués à la guitare ont enflammé l’assistance. Les ombres des danseuses se reflétaient sur les murs du cloître et c’était à couper le souffle !
Amatrice de flamenco depuis des années j’avais, ce jour-là, assisté à une représentation de très grande qualité, dans un lieu magnifique ! Les amis qui m’accompagnaient, eux, n’étaient pas forcément de grands amateurs de danse et n’avaient aucune connaissance de ce qu’était le flamenco mais, tout comme moi, ils sont sortis de cette expérience bouche-bée.

Aujourd’hui, les spectacles de flamenco ont lieu au Théâtre de verdure, au Plateau de Poètes. L’atmosphère y est différente mais j’aime toujours autant y assister.
Vivement l’édition 2023 ! »

Monique : andalouses et biterroises

Je me souviens : la place David d’Angers devenait la « Plaza de Triana » et prenait durant 5 jours des airs d’Andalousie. Ça sentait bon l’oeillet et la paëlla, ça explosait de couleurs et de froufrous, ça chantait et s’envolait, à en faire sauter les cordes de guitare !

Les belles paradaient dans leurs atours : chignons lissés sur le crâne, peignes et mantilles agrémentés d’une rose ou d’un œillet (forcément rouges). Elles avançaient le dos droit comme une banderille mais les reins cambrés, tellement cambrés, dans leurs robes longues à volants, « los zapatos » prêts à claquer sur le parquet de la scène.

Des pitchounettes « hautes comme trois pommes à genoux » aux duègnes qui en ont vu passer, des Férias de Béziers, on sentait qu’on vivait là une communion culturelle, familiale et festive : entre nostalgie et fierté, sensualité et gourmandise, sens du partage et don de la transmission. La Marisma faisait danser toute la soirée ses élèves de tous âges : c’était comme un spectacle de fin d’année… mais en plus festif.

Ma tante chaque année, emmenait sa fille et ses petites-filles, un soir au moins, danser la Sévillane sur la Plaza de Triana. Elle, si petite mais dont l’impressionnante crinière brune descendait jusqu’aux reins, le regard charbonné au crayon noir, tout entière immergée dans le plaisir de la musique, de la danse, des souvenirs, du partage, veillait sur sa progéniture. Sa fille et ses petites-filles elles, blondinettes aux yeux clairs, lianes élégantes mais unies dans la danse, tournaient, s’enroulaient, « zapateando » ensemble pour l’amour d’une tradition… « c’est le sang qui parle ! » disait ma tante.

De ces moments enfuis, perpétués par d’autres aujourd’hui, me restent quelques notes, un chatoiement de volants, l’élégance de la ligne d’un cou ou le mouvement majestueux d’une main légère comme une alouette.

Marie : Le spectacle équestre, une tradition familiale

Nous sommes arrivés à Béziers il y a tout pile 23 ans. Pour nous qui sommes bordelais d’origine c’était un spectacle extraordinaire de voir cette ferveur dans les rues de notre nouvelle ville. Pendant 5 jours Béziers est transformée et les biterrois « exaltés ». C’est une ambiance particulière que j’ai du mal à décrire. Je crois qu’en réalité, elle ne se décrit pas. Elle se vit.

Dans ces années-là, nos deux filles Camille et Charlotte avaient respectivement 10 et 6 ans. Nous profitions de la Féria à notre façon, c’est à dire : en allant voir les spectacles équestres. C’est pratique, ils ne sont jamais programmés trop tard dans la journée, ce qui est une information à retenir lorsque l’on a de jeunes enfants et que l’on veut quand même participer à ce moment de fête.

Nos filles (et Camille plus particulièrement) ont toujours été passionnées par les chevaux. Aujourd’hui, notre aînée n’a plus besoin de nous pour aller voir les spectacles équestres de la Féria. De notre côté, nous continuons d’y aller, mais cette fois-ci avec notre petite-fille : Chloé. Pour moi, la Féria de Béziers c’est donc l’occasion de partager un moment en famille.

Patricia : Corrida, entrez dans l’arène !

Il y a une vingtaine d’année, je travaillais dans une entreprise biterroise et mon ancienne direction me propose d’assister à toutes les corridas programmées pour la Féria de Béziers en compagnie de nos meilleurs clients, dans une loge privatisée pour l’occasion, dans les hauteurs des arènes modernes.

Bien que native de la ville, je n’ai jamais assisté à un spectacle de tauromachie et j’ai plutôt un a priori négatif. Mais c’est l’occasion pour moi de découvrir et de me faire un avis sur ce monde qui apparaît si cruel à certains et si envoûtant pour d’autres.
C’est donc entourée de spécialistes que je suis initiée au décryptage de ces rituels très codifiés. Sorteo, paseo, faena, picador, banderilles… c’est tout un vocabulaire à apprendre pour comprendre. L’ambiance vous prend aux tripes dans ce lieu chargé d’histoire.

Dans le déroulé du spectacle, la musique jouée en live a un rôle important. Entendre résonner «Toréador, prends garde», extrait de l’opéra Carmen de Georges Bizet rappelle aussi que l’art lyrique a eu sa place dans cet amphithéâtre et que la musique en général l’a encore aujourd’hui.

Même les réactions du public sont importantes : les gens font savoir au président ce qu’ils pensent de la présentation, de la fougue au combat et de la bravoure des taureaux mais aussi du courage, de la prise de risque et de l’élégance des passes du matador

On sort un peu sonné de ce combat, accueilli par le souffle de la foule pressée aux portes de l’édifice. Musique et chant accompagnent l’apéro obligatoire qui s’ensuit dans les bodegas implantées devant les arènes, mais aussi dans tout le centre ville.

Il y a beaucoup de critiques autour de la corrida. Éthique ou tradition, art ou barbarie, ce n’est pas à moi d’en juger. Je ne suis pas pour autant devenue « aficionada » mais j’ai compris pourquoi on le devient. La dégustation de spécialités proposées dans les casitas, les spectacles et les concerts font également partie des 5 jours de fête qu’offre la Féria de Béziers. Les animations sont suffisamment nombreuses et éclectiques pour que chacun fasse sa propre Féria !

Anaïs

Originaire de Poitiers, elle vit dans le sud de la France depuis plusieurs années. Elle est aujourd'hui responsable de la communication et des bases de données à l'Office de Tourisme Béziers Méditerranée. Mettre en avant chacun des prestataires qui font la richesse et l'originalité de la région lui tient à cœur. A en juger par les articles qu'elle publie sur son blog, elle s'intéresse aux festivités, à la culture et surtout à la gastronomie ! Son lieu de prédilection : le Plateau des Poètes. C'est un lieu de promenade apaisant, idéal pour un déjeuner au soleil.